Ce vendredi 18 mars, professionnels RH, journalistes et influenceurs RH se sont réunis à la conférence de presse de Parlons RH pour découvrir les résultats du 5e baromètre national de l’expérience collaborateur, réalisé en partenariat avec LumApps, Arago Consulting, Groupe Up, Wittyfit, Workday, Groupe Crédit Agricole S.A., SD Worx, Uber for Business et Le Lab RH. Retour sur une matinée riche en échanges.

Comme chaque année depuis 5 ans, Parlons RH présente les résultats du baromètre de l’expérience collaborateur à la presse une semaine avant la mise en ligne. Pour l’édition 2022, nous leur avions donné rendez-vous au Châteauform’ Monceau Vélasquez, à Paris. 

Après un petit-déjeuner convivial, les invités ont découvert les résultats du Baromètre 2022, présentés et analysés par Thomas Chardin, dirigeant fondateur de Parlons RH. 

Les points saillants qui ressortent de cette étude : 

  • L’expérience collaborateur (EX) se démocratise, avec 50 % de pratiquants, un doublement en 3 ans ;
  • Le nombre d’entreprises ayant déjà mis en place une démarche autour de l’expérience collaborateur depuis plus de 3 ans, que le Baromètre appelle les « précurseurs », augmente : leur proportion est passée de 13 à 21 % depuis 2020 au sein des sociétés « pratiquantes » (celles qui mènent actuellement une politique d’EX), et de 5 à 10 % dans l’ensemble des entreprises ;
  • Suite à la crise du Covid, 89 % des entreprises pratiquantes ont évolué vers l’organisation hybride, contre 67 % des non-pratiquantes ;
  • Les « pratiquantes confirmées » forment 3 fois plus souvent leurs collaborateurs au travail hybride ;
  • Elles investissent aussi davantage dans la conciliation vie professionnelle/vie personnelle ;
  • Les salariés des entreprises pratiquantes ont mieux réagi à la crise que ceux des non-pratiquantes : ils manifestent un niveau d’engagement supérieur à celui de fin 2020.

« Cela commence à se savoir : s’occuper d’expérience collaborateur est bon pour les salariés comme pour les entreprises, bon pour la qualité de vie au travail, et bon pour l’engagement. L’EX rend aussi plus agile face à l’hybridation du travail. On peut donc s’attendre à une poursuite de la dynamique », a affirmé Thomas Chardin. 

Toutefois, le baromètre permet aussi de déceler deux freins persistants :

  • La fonction RH peine à s’affirmer : un tiers des professionnels RH ne priorisent pas encore la DRH comme porteuse de l’expérience collaborateur, et 17 % des DRH ne souhaitent pas déployer une démarche d’EX quelconque. Ces derniers, que l’étude appelle les « réfractaires », sont toutefois moins nombreux qu’en 2019 : ils représentaient alors 24 % des entreprises ;
  • Les entreprises sont insuffisamment outillées : 62 % des pratiquantes et 70 % des réfractaires n’ont pas de solution pour recueillir systématiquement le ressenti des salariés.

Selon Thomas Chardin, « il y a une fracture qui se creuse entre les responsables RH ‘anciens’ et réfractaires à l’EX (17 %), qui restent dans une forme de résistance au changement et de command and control, et les ‘modernes’, précurseurs (10 %), qui font preuve d’agilité, se lancent dans l’organisation hybride, dans une dynamique collaborative et dans la flexibilisation des horaires. » D’où ce doute : « n’y a-t-il pas un malentendu sur ce que désigne l’expression ‘expérience collaborateur’ ? », s’est-il interrogé.

« Pour nous, il s’agit d’une démarche structurée de marketing RH, qui consiste à segmenter ses publics internes et externes, à identifier et prioriser les attentes, à imaginer des réponses sous la forme d’offres de services RH, à déployer celles-ci, à en évaluer la réussite, puis à recommencer. Mais comment être sûr que les professionnels RH n’y voient pas simplement un nouvel avatar de la QVT ? C’est au moins partiellement le cas : notre baromètre le confirme », a ajouté Thomas Chardin.

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Les principales activités concernées par l’expérience utilisateur, pour les répondants au Baromètre :

  • L’intégration (onboarding)
  • Le management
  • Les carrières et la mobilité
  • La formation
  • Le recrutement
  • La communication interne
  • L’évaluation de la performance
  • L’offboarding

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« Le ciblage des actions en fonction des profils est essentiel »

Thomas Chardin a ensuite laissé la parole à Clémence Fischer, directrice customer success manager EMEA chez LumApps. Interrogée par Fabien Soyez, chef de projet média, cette dernière a partagé son regard d’expert de l’EX. Interpellée par le niveau d’engagement dans les entreprises pratiquantes, elle a expliqué que le principal challenge des DRH pour développer l’expérience collaborateur est de « segmenter » les publics. « L’EX n’est pas la même selon les salariés, le ciblage des actions en fonction des profils est essentiel. C’est particulièrement vrai face au travail hybride. D’où l’importance de disposer d’outils pour centraliser les données sur les collaborateurs, afin de mieux les comprendre », a-t-elle affirmé.  

Et de revenir sur le fait que selon le baromètre, les entreprises sont insuffisamment outillées, qu’elles soient ou non pratiquantes : « Le problème actuel, ce n’est pas tant le fait que les entreprises soient suffisamment équipées ou pas. C’est qu’elles ne pensent pas toujours aux parcours des collaborateurs d’une manière unifiée : certaines proposeront une accumulation de parcours à suivre ; d’autres n’auront pas pensé les parcours de bout en bout ». Clémence Fischer a aussi souligné l’importance d’accompagner l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise : « les organisations qui traversent le mieux les mutations du travail sont celles qui accompagnent les collaborateurs et les managers face au changement. »

« En 2022, dans une économie digitalisée, il est frappant que le virage numérique ne semble pas encore avoir été pris par les entreprises. Car celles qui gagneront la guerre des talents sont bel et bien celles qui se lanceront réellement dans la transformation digitale. Dans la pratique, et avec les outils nécessaires », note Thomas Chardin.

Plus globalement, les DRH seraient-ils encore trop timorés ? Pour Thomas Chardin, ceux-ci ont tout intérêt à changer de posture, en « impulsant » le changement, plutôt qu’en se contentant de l’accompagner. « La fonction RH doit passer du courage à l’audace. Quand les circonstances l’imposent, ils agissent. Mais l’expérience collaborateur, qui se développe au quotidien sur le long terme, ce n’est pas seulement agir en pompier : c’est aussi accepter le fait de prendre des risques », conclut-il.

A force de sacrifier l’essentiel pour l’urgent, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel – Edgar Morin

Les intervenants ont ensuite interagi avec l’audience, donnant lieu à des échanges passionnants et enrichissants sur l’expérience collaborateur.

Le baromètre sera téléchargeable sur notre site à partir du 21 mars !